Départ de Châteauneuf
Afin de disposer d’un maximum de temps pour la découverte du Musée de Lorris, nous décidons de réaliser ce parcours de la randonnée de la mémoire par Lorris en sens inverse ; ainsi, sur les 109 km du circuit concocté par le codep 45 -randonnées permanentes du Loiret-, il ne nous restera que 29 km à accomplir après la visite du musée.
Départ à 8h de Châteauneuf-sur-Loire et seulement 8 cyclos sont présents ce jeudi 16 juin 2022. Pourtant, qu’est-ce qu’on est bien sur ce parcours de la Loire à vélo, passant par Germigny-des-Prés et Saint-Benoit-sur-Loire… de nombreux et majestueux cygnes se pavanent sur le fleuve dans la lumière de ce matin estival.
D’une rive à l’autre !
Nous filons jusqu’à Saint-Père sur-Loire où nous traversons le fleuve par le viaduc (déferré il est devenu voie verte en 2019), avec une vue imprenable sur le château de Sully-sur Loire. Nous rejoignons donc Sully et cheminons sur la rive gauche jusqu’à Poilly-lez-Gien. Petite pause pour admirer la vue sur la ville de Gien et son château, puis nous passons le pont en nous souvenant qu’ici des tragédies se sont jouées en juin 1940 notamment.
Voir en complément les images et le récit de l’Exode à Dédé.
Un pont bombardé plusieurs fois, source ajpn.org : “Le pont de Gien est bombardé le 15 juin 1940 par la Luftwaffe, afin de couper la retraite de l’armée française. Ce bombardement entraîne un gigantesque incendie qui ravage les vieux quartiers au pied du château. En 1941, Gien est en grande partie en ruines… mais le château est providentiellement épargné.
Les Alliés bombardent la zone du pont en juin-juillet-août 1944 ; ils n’ont pas atteint leur objectif (destruction de ponts routiers pour faire barrage à l’occupant) et n’ont fait que des dégâts collatéraux dont des victimes civiles.
L’arche centrale du pont a été détruite en août 1944 par les Allemands en retraite.
Sa reconstruction ne démarre qu’en juin 1946.”
Notre périple rive droite passe par le joli village de Névoy puis au pied des tours de la centrale de Dampierre-en-Burly.
Résister en forêt d’Orléans
Après Ouzouer-sur-Loire, la route conduit à la forêt d’Orléans où nous nous engageons sur un chemin calcaire qui rapidement se révèle un sentier rempli de silex pas très carrossable… le pneu de Josiane n’a pas résisté ! Peut-être que nous n’avons pas pris la route préconisée pour arriver au Carrefour de la Résistance ? Nous découvrons un lieu chargé de souvenirs, un mémorial, des ruines de cabanes forestières éventrées, des croix … et sur le côté tout un alignement de sépultures !
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Maquis de Lorris est le plus important maquis organisé dans le département du Loiret par les résistants français à l’occupation allemande. Il compte en 1944 jusqu’à 600 hommes ; composé de 3 compagnies basées au Camp du Ravoir, et 1 compagnie au Camp des Aulnottes. Il mène des actions d’attaques de convois et de sabotages afin de ralentir le repli de l’occupant.
Ainsi le 12 août 1944, les maquisards s’attaquent à des véhicules allemands sur la RN60, au lieu-dit Chicamour, le but étant de réquisitionner des véhicules pour mener la libération d’Orléans -voir en détail l’ambuscade de Chicamour-.
En représailles, le 14 août 1944 à 13h30 les troupes allemandes débouchent de toutes les routes du carrefour de la Résistance (alors carrefour d’Orléans) et capturent toutes les personnes sur leur chemin, maquisards ou civils ; elles seront en grande partie exécutées. Les maisons forestières et bâtiments forestiers sont mis hors d’usage, les combats font rage jusqu’au soir, faisant de nombreuses victimes et créant un incendie en forêt -voir en détail l’attaque du 14 août 1944-.
Enfin, après 4 ans d’occupation allemande, la libération est toute proche ! Au lendemain de cette attaque, le 15 août, les résistants dirigés par le colonel Marc O’Neill, se regroupent pour mener la libération de Châteauneuf (le 17 août). Ils sont face à des troupes allemandes en fuite devant l’arrivée des Américains et la libération d’Orléans (le 16 août) -voir en détail les combats de la libération-.
Fin de l’aventure
Après un petit pique-nique en forêt, nous reprenons nos bicyclettes pour rejoindre Lorris. Nous visitons le musée installé dans l’ancienne gare.
Le musée de la Résistance, c’est un long couloir qui décrit les grandes étapes du conflit mondial. Puis au travers de différents thèmes, avec documents et objets à l’appui, sont évoqués les épisodes de la déportation et de la Résistance, toute l’Histoire du Loiret entre 1939 et 1945.
Le retour jusqu’à Châteauneuf-sur-Loire se fera sous une forte chaleur (… peut-être comme en cet été 1944 de la libération), ajoutant à cette journée riche en informations (… et ce n’est qu’un fragment de la Seconde Guerre Mondiale), une bonne dose de fatigue et une petite leçon de solidarité (… mais que dire alors de l’état d’esprit des maquisards !), nous arrivons ensemble à notre objectif, l’auberge du port à Châteauneuf-sur-Loire.
Toutes nos photos :
Bravo Evelyne pour ce récit et ces belles photos